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Pourquoi le travail d’un développeur web est aussi cher ?

Le travail d’un développeur web se monnaie cher, voire très cher. C’est l’une des premières choses que l’on se dit quand on lance son entreprise pour démarrer un projet, commercial ou non, et qu’on a besoin d’un site web.

Là, on se rend compte que, si on ne veut pas y passer soi-même des heures ou que l’on ne souhaite pas apprendre à coder, eh bien… c’est cher ! Mais alors, pourquoi ?

Je vous propose de répondre à cette question en vous expliquant pourquoi je demande en moyenne 500 € HT par jour de travail pour mes services.

Allons voir les salaires

Je suis développeur web indépendant. Mais intéressons-nous deux minutes aux développeurs salariés.

Avec plus de 7 ans d’expérience (dont 2 ans en alternance), dans une boîte classique qui embauche un développeur en interne, je serais entre 40 000 et 60 000 euros par an, sans compter les primes. Afin de fournir un exemple qui inclut des primes, j’ai décidé d’utiliser le calculateur de Shine, qui me donne 67 840 € bruts annuels.

La néobanque Shine rémunère tous ses collaborateurs de la même manière, et met en place un calculateur. Celui-ci indique que je peut prétendre à 67 760 € par an.

Je sais qu’ils peuvent paraître généreux, alors arrondissons à l’inférieur et comptons 60 000 € bruts annuels. Le simulateur du Code du Travail Numérique nous informe que cela couterait donc à la boîte 85 047 € de payer un développeur comme moi.

Il y a 52 semaines par an. 5 semaines de congés payés. Et 5 jours ouvrés par semaine. Souvent il y a aussi des RTT en plus de cela, mais je ne vais pas les compter ici.

Si on fait les calculs, on tombe sur un coût journalier de :

$$\frac{\text{85 047 €}}{(52 – 5) * 5} \simeq \text{362 €}$$

Donc, si je travaillais dans une structure, avec toute la sécurité que cela amène, je couterait au minimum 362 € par jour à ladite structure.

Pourquoi un développeur web indépendant coute encore plus cher ?

362 €, c’est déjà cher. Mais alors, pourquoi est-ce que moi, je facture davantage ?

Eh bien, le mot important du chapitre précédent, c’est celui-là : sécurité. Car en effet, un salarié est dans une situation de sécurité. Il a certes des inconvénients, mais il sait qu’il aura son salaire à la fin du mois. Et ce n’est pas mon cas.

En effet, je ne sais pas si j’aurai du travail. Donc de l’entrée d’argent. Aussi, pour atteindre le même « salaire », je dispose de moins de jours de travail. Faisons une estimation.

Comprendre la micro-entreprise

Avant d’entrer dans les calculs, il est important de comprendre comment fonctionne une micro-entreprise, et surtout l’argent qui y rentre. Car oui, je suis micro-entrepreneur.

La micro-entreprise étant assez simple, les calculs le sont aussi : tout ce qui rentre (on parle de chiffre d’affaires) est taxé 3 fois selon un certain pourcentage : une fois pour les cotisations sociales, une fois pour financer la formation professionnelle, et (dans mon cas) une fois pour les impôts sur le revenu.

Ces pourcentages dépendent de l’activité exercée, mais dans mon cas les voici :

PrélèvementPourcentage
Cotisations sociales23,1 % (bientôt 26,1 %)
Formation professionnelle obligatoire0,2 %
Prélèvement Forfaitaire Libératoire de l’Impôt sur le Revenu2,2 %
TOTAL28,5 %
Les prélèvements sur mon chiffre d’affaires

Donc, pour qu’il me reste (par exemple) 100 € en poche, il me faut toucher (petit produit en croix) $\frac{\text{100 €}}{\text{100 % – 28,5 %}} \simeq \text{139,86 €}$. Donc il faut surfacturer d’environ 40 % pour avoir notre « brut ».

Ensuite, deuxième chose à savoir : tout ce qui rentre est considéré comme du chiffre d’affaires. Donc même s’il s’agit de payer un repas 15 €, si je refacture ces 15 €, je dois les surfacturer de 40 % car ça passera par la case prélèvements.

Voilà pour les bases des explications. Passons au calcul.

Le calcul : pourquoi si cher ?

On l’a vu, en tant que développeur web, je pourrais prétendre à un salaire confortable d’environ 60 000 € bruts par an. Ici, je vais garder le net après impôts, soit 40 512 € par an d’après le même simulateur du gouvernement.

Si je veux 40 512 € en micro-entreprise, il me faut facturer $\frac{\text{40 512 €}}{\text{100 % – 28,5 %}} \simeq \text{56 660 €}$ par an. Et là c’est génial, on se dit que ça fait moins que les 85 000 € de tout à l’heure, donc qu’on économise sur le TJM ! Alors… oui, mais attendez !

Tout à l’heure on tombait sur 362 € de TJM car on comptait $(52-5) \times 5=235$ jours travaillés par an. Or, pour un indépendant, c’est extrêmement rare de réussir à être à temps plein.

Comptons donc. Nous avons une base de 235 jours (parce que oui, les indépendants aussi rêvent de vacances). J’estime passer une journée par mois à ne pas faire mon travail, mais du travail annexe tel que de l’administratif. Ah, on perd déjà 12 jours !

Ensuite, pour trouver mes clients, il me faut prospecter… et beaucoup ! J’estime que prospecter me prend la moitié de mon temps… Il ne nous reste plus que 112 jours !

$$\frac{\text{56 660 €}}{112} \simeq \text{506 €}$$

Si vous êtes en train de vous dire « Aaah je comprends mieux » ou bien « Nan mais il exagère sur la prospection »… attendez un peu je n’ai pas fini !

On va maintenant rajouter les charges. Eh oui, plus je travaille, plus je dépense ! Entre l’essence ou les transports, les restaurants quand je dois aller sur Paris, les différents abonnements pour les logiciels, serveurs et j’en passe, les assurances, … j’estime que ça me revient à un peu plus de 200 € par mois… Mais il faut surfacturer, alors comptons 250 €.

Enfin, j’intègre une « marge de sécurité ». Elle sert à couvrir les impondérables tels que les impayés (parce que malheureusement ça existe) ou encore les erreurs d’estimation de ma part quand je fais mes devis. Je fixe cette marge à 15 %.

Résultat

$$\frac{\text{56 660 € + 250 € } \times 12}{112} + 15\ \% \simeq \text{623 €}$$

Et voilà ! On a un chiffre… supérieur à 500 € !

Alors, bien sûr, le chiffre n’est pas exact. J’ai en effet je pense un peu exagéré sur la prospection (quoiqu’en ce moment, pas tant que ça 😭), mais derrière je n’ai pas intégré quelques postes de dépense, par exemple la CFE et autres petites choses, ce qui doit se compenser un peu.

Je pense donc (et je le pense vraiment) que je ne suis pas assez cher. Mais je ne prétends pas à un salaire net après impôts de 40 000 € non plus.

Comment rendre le développement de son site web moins cher ?

500 € par jour, ça fait cher pour beaucoup de monde. Et je l’entends très bien. Mais il existe des moyens de réduire l’addition.

Pour commencer, une jeune structure qui développe sa présence en ligne peut profiter d’un chèque numérique sous certaines conditions. Celui-ci peut éponger la moitié des dépenses, par pallier, jusqu’à un plafond de 1 500 € remboursés (pour 3 000 € dépensés). Cela représente 6 jours avec mon TJM, mais on peut en faire, des choses, en 6 jours !

Ensuite, il y a toujours la possibilité de mutualiser les frais. En effet, la même base de site peut servir à plusieurs personnes ! Il s’agit là d’un projet que je porte de mon côté, mais je ne peux pas encore trop vous en dire : il se développe dans son coin.

Sinon, vous pouvez toujours recourir aux deux intemporels pour réduire les dépenses : le faire soi-même, ou lorgner sur la qualité. Il existe en effet des plateformes qui existent pour vous proposer des sites tout faits, qui sont moins qualitatifs mais ô combien moins chers. Et l’indémodable WordPress vous accompagnera également très bien si vous voulez vous lancer de votre côté.

Sinon, vous pouvez cumuler un peu de tout ça pour avoir un peu du meilleur des mondes : moins cher, de qualité correcte, personnalisé. Il s’agit de faire faire son site WordPress par quelqu’un qui s’y connait. Ce n’est pas trop mon truc, mais si vous le souhaitez, je connais une graphiste qui fait ça très bien : Camille H. Design. N’hésitez pas à aller la voir de ma part pour lui demander un devis !

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